par Lloyd Pye
ÉMERGENCE DES PLANTES DOMESTIQUÉES
Il existe deux catégories de base de plantes et d’animaux, les sauvages et les domestiques. Les sauvages sont infiniment plus nombreux que les domestiques, ce qui explique sans doute que l’on ait consacré beaucoup plus de recherche aux sauvages. Mais il se pourrait aussi que les scientifiques évitent d’étudier les domestiques car ce qu’ils y découvrent s’écarte complètement du paradigme évolutionniste reconnu.
Presque toutes les plantes domestiques sont supposées être apparues il y a 10 000 à 5 000 ans, des groupes différents étant apparus à divers endroits de la Terre à des époques différentes. Initialement, parmi d’autres variétés, le froment, d’orge et les légumineuses sont venus dans ce que l’on nomme le Croissant Fertile comprenant aujourd’hui l’Iraq, la Syrie et le Liban. Plus tard, le blé, le millet, le riz et les ignames apparurent au lointain Orient et plus tard encore, dans le Nouveau Monde, vinrent le maïs, les poivrons, les haricots, les courges, les tomates et les pommes de terre.
Nombre d’entre elles ont des prédécesseurs « sauvages » qui furent apparemment à l’origine des variétés domestiques, mais d’autres – comme de nombreux légumes courants – ne semblent pas avoir de précurseurs. Même pour les plantes qui ont des origines sauvages, tels les herbes, les grains et les céréales, le processus par lequel elles sont devenues du froment, de l’orge, du millet, du riz, etc. demeure un profond mystère.
Il n’est pas un botaniste capable d’expliquer de manière concluante comment les plantes sauvages ont évolué en plantes domestiques.
L’accent est mis ici sur le terme « concluante ». Les botanistes ne se privent pas d’élaborer d’hypothétiques scénarios dans lesquels les fermiers du Néolithique (Nouvel Age de Pierre) découvrirent, d’une façon ou d’une autre, comment hybrider les herbes, les grains et les céréales sauvages, un peu à la manière de Gregor Mendel qui réalisa des croisements de sortes de pois dans le but de déchiffrer la mécanique de l’héritage génétique. Tout cela semble tellement simple et logique que, en dehors des cercles scientifiques, pratiquement personne ne se penche sur le problème.
Gregor Mendel n’a jamais fait pousser ses plants de pois dans le but de produire autre chose que des plants de pois. Il en produisit des courts, des longs, des colorés, mais ce furent toujours des plants de pois sur lesquels poussaient des pois. (Les pois sont aussi une espèce domestique, mais cela n’a pas d’incidence sur notre propos ici). Par contre, ces fermiers de l’Age de Pierre qui venaient de sortir de leurs cavernes et commençaient à peine à retourner la terre (selon le scénario « officiel »), seraient parvenus à transformer les herbes, grains et céréales sauvages qui poussaient aux alentours en « cousins » domestiqués ; est-ce possible ? Seulement grâce à des leçons de miracles !
En fait, cela aurait nécessité un nombre incalculable de miracles au sein de deux grandes catégories de miracles. En premier lieu, les herbes, grains et céréales sauvages étaient inutilisables pour des humains. Les semences et les graines étaient désespérément petites, comme des grains de poivre ou des cristaux de sel, ce qui rendait la préhension et la manipulation impossible par des doigts humains. Elles étaient également dures, comme des coquilles de noix, donc impossibles à convenir en quelque chose de comestible. Enfin leur chimie convenait à l’alimentation des animaux, pas des humains.
Donc les variétés sauvages étaient absolument trop petites, trop dures et inadaptées comme nutriment pour les humains. Elles auraient dû être fortement grossies, attendries dans leurs structures et modifiées au niveau moléculaire ; or, ce qui eut été une tâche considérable pour des botanistes modernes, ne pouvait être à la portée de fermiers du Néolithique.
Nonobstant l’impossibilité apparente d’atteindre de tels objectifs, les botanistes contemporains persistent à croire que les premiers laboureurs disposaient de tout ce qu’il fallait pour y parvenir : du temps et de la patience. Au fil de centaines de générations de croisements sélectifs ils auraient consciemment dirigé la transformation génétique des quelques dizaines d’espèces par avance jugées utiles aux humains. Et comment auraient-ils fait cela ? Grâce au stupéfiant exploit consistant à doubler, tripler et quadrupler le nombre de chromosomes des variétés sauvages ! Dans certains cas, ils auraient fait mieux encore.
Le blé et l’avoine domestiques auraient été obtenus à partir d’un ancêtre possédant 7 chromosomes, alors qu’ils en ont 42, une multiplication par 6. La canne à sucre, monstre contemporain aux 80 chromosomes, aurait été dérivé d’un ancêtre qui n’en avait que 10 ; un facteur de 8. Les chromosomes de certaines autres, comme les bananes et les pommes, n’auraient été multipliés que par 2 ou 3, tandis que les arachides, les pommes de terre, le tabac, le coton, entre autres, auraient été multipliés par 4. Cela n’est pas tellement extraordinaire, car nombre d’arbres et de plantes sauvages à fleurs possèdent de nombreux chromosomes.
Darwin lui-même se rendait compte que les données de son époque n’apportaient pas de preuve claire et irréfutable à sa théorie. Particulièrement dérangeante était l’absence « d’espèces de transition » dans le répertoire des fossiles.
Mais cela soulève ce que Charles Darwin appelait lui-même « le mystère abominable » de la floraison. Dans le répertoire des fossiles, les premières plantes à fleurs apparaissent entre 150 et 130 millions d’années, supposées s’être multipliées en plus de 200 000 espèces connues. Mais personne ne peut expliquer celles-ci, parce qu’il n’y a aucun lien vers des formes de plantes qui les auraient précédées. C’est comme si… oserais-je le dire ?… elles avaient été apportées sur Terre par quelque chose du genre de Vous Savez Qui. Si tel est le cas, il est bien possible qu’elles furent livrées avec la capacité incluse de développer des groupes multiples de chromosomes et que, en quelque sorte, nos ancêtres néolithiques auraient su décodés celles qui convenaient le mieux pour les humains.
Quelque fut le moyen de ce décodage, la grande expansion du matériel génétique dans chaque cellule des variétés domestiques a provoqué une croissance dépassant largement celle de leurs ancêtres sauvages. En grossissant, les semences et les graines sont devenues repérables, récoltables et manipulables par des doigts humains. Simultanément, les graines et semences sont devenues assez souples pour être moulues, cuites et consommées. Et en même temps, leur chimie cellulaire a été suffisamment modifiée pour devenir comestible. Le seul mot qui convient pour un tel exploit est : miracle.
Evidemment, « miracle » implique que des manipulations aussi complexes aient pu avoir été pratiquées par de primitifs cultivateurs, dans huit zones géographiques distinctes, il y a plus de 5 000 ans. Est-il croyable que, dans chaque cas, dans chaque région, quelqu’un ait été capable d’examiner un géniteur sauvage et imaginer ce qu’il pourrait ou devrait devenir, et prévoir le succès futur de ces manipulations ? A partir de là, il leur aura fallu s’assurer que leur projet soit poursuivi à travers d’innombrables générations qui se seraient fidèlement consacrées à planter, récolter, sélectionner et croiser des plantes sauvages qui n’avaient aucune nourriture à leur offrir de leur vivant, mais étaient susceptibles d’en apporter à leur lointaine descendance.
Il semble difficile de concocter scénario plus invraisemblable, plus absurde. Cependant c’est l’évangile des botanistes modernes et ils y adhèrent avec une ferveur qui ferait honte à beaucoup de créationnistes des « six jours ». Pourquoi ? Parce que s’ils faisaient face à cette absurdité, ils seraient confrontés à Vous Savez Qui comme seule explication logique et plausible.
Pour domestiquer une plante sauvage sans recours à des manipulations artificielles (i.e. génétiques}, il faut la modifier par hybridation directe, ce qui n’est possible que par l’intervention humaine. L’équation est donc simple. Premièrement, beaucoup de plantes domestiques (mais non toutes) doivent effectivement avoir eu des ancêtres sauvages. Deuxièmement, la plupart des espèces domestiques sont apparues il y a 10 000 à 5 000 ans. Troisièmement, les hommes de l’époque étaient des barbares primitifs. Quatrièmement, aucune plante n’a été domestiquée au cours des 5 000 dernières années qui soit de qualité égale à celles « créées » en grand nombre par des fermiers primitifs partout dans le monde. Inscrivez un signe « égal » à la suite de ces quatre facteurs et vous n’obtiendrez absolument rien qui ressemble de près ou de loin à un modèle darwinien.
Les botanistes connaissent parfaitement ce problème, mais tout ce qu’ils peuvent proposer c’est que cela a dû se produire naturellement, parce qu’aucune autre intervention – que ce soit Dieu ou Vous Savez Qui – ne peut en aucun cas être considérée. Cette attitude rigoriste est celle de tous les scientifiques, pas seulement les botanistes, au point d’ignorer des démonstrations écrasantes; par exemple le fait qu’en 1837 le Jardin Botanique de St.Petersbourg en Russie amorça une tentative de culture de seigle sauvage afin d’en produire une nouvelle espèce domestique. Ils s’y essayent encore aujourd’hui, parce que leur seigle n’a rien perdu de ses attributs sauvages, en particulier la fragilité des tiges et les grains trop petits. C’est l’énigme la plus dérangeante qui s’oppose aux botanistes.
Pour domestiquer une herbe sauvage comme le seigle ou toute autre graine ou céréale, (ce qui, n’est-ce pas, a été réalisé nombre de fois par nos ancêtres néolithiques), il faut surmonter deux obstacles importants. Ce sont les problèmes des « rachis » et des « glumes », que j’aborde dans mon livre Everything You Know is Wrong – Book One : Human Origins (Adamu Press, 1998) [Tout ce que Vous Savez est Faux – Livre Un : Origines de l’Homme] (pp.283-285). Glume est le nom botanique de la balle, l’enveloppe mince qui couvre graines et semences et doit être ôtée, car indigeste. Les rachis sont les petites queues qui rattachent chaque graine à la tige.
Durant la croissance, les glumes et les rachis sont solides et durables, afin que les intempéries ne fassent pas tomber les graines. A la maturité, ils deviennent cassants, de sorte que le vent puisse les rompre et libérer leur cargaison afin qu’elle se propage. Un tel degré de fragilité rend impossible la récolte des graines sauvages, parce qu’elles seraient toutes perdues lors du moissonnage.
Donc, non seulement nos ancêtres cultivateurs devaient-ils obtenir des graines plus grosses, plus tendres et plus digestes, mais en outre auraient-ils dû trouver le moyen d’ajuster finement la résistance des rachis et des glumes de chaque plante.
Cet ajustement est d’une complexité extrêmement décourageante, sans doute plus complexe que le processus de transformation proprement dit. Les rachis devaient être suffisamment renforcés pour maintenir les graines en cours de moissonnage, et cependant se rompre lors du battage.
Pareillement fallait-il que les glumes résistent au moissonnage après maturité et ne s’ouvrent pour livrer leurs graines que lors du battage. Et, pour corser l’affaire, les glumes et rachis de chaque plante exigeaient des ajustements différents qui tous devaient atteindre un haut degré de précision ! Bref, il n’existe pas l’ombre d’une chance que ceci puisse s’être produit tel que le prétendent les botanistes.
ÉMERGENCE DES ANIMAUX DOMESTIQUES
Comme pour les plantes, la domestication des animaux s’est développée au cours des 10 000 à 5 000 dernières années. Elle a aussi débuté dans le Croissant Fertile avec, parmi d’autres, les « quatre grands » : les bovins, les moutons, les chèvres et les porcs. Plus tard, au Nouveau Monde, on vit apparaître les lamas et les vicunas [NDT : ou vicugna, animal à toison, cousin des lamas, habitant l’ouest de l’Amérique du Sud]. Le processus ne se résuma pas un accroissement du nombre de chromosomes. Tous les animaux, sauvages et domestiques, sont diploïdes. c’est à dire qu’ils possèdent deux séries de chromosomes, une de chaque parent. Le nombre de chromosomes varie aussi largement que chez les plantes (les humains en ont 461, mais il n’y a toujours que deux séries (les humains en ont 23 dans chacune).
Les seuls outils dont disposaient les bergers néolithiques étaient les mêmes que ceux de leurs confrères agriculteurs : du temps et de la patience. Selon les mêmes techniques d’hybridation, soi-disant utilisées par les cultivateurs, les animaux sauvages auraient été élevés sélectivement, génération après génération, jusqu’à accumuler progressivement suffisamment de modifications que pour obtenir les versions domestiques des ancêtres sauvages. Comme pour les plantes, ce processus aurait duré des centaines, voire, des milliers d’années dans chaque cas, et aurait aussi dû être réussi nombre de fois dans des régions diverses du globe.
Une fois de plus, nous voici confrontés au problème de ces bergers primitifs qui auraient eu la « vision » d’un « modèle final », qui auraient débuté l’élevage sachant qu’il faudrait des siècles avant de parvenir au résultat prévu. C’était beaucoup plus compliqué que d’évaluer simplement quels étaient les animaux possédant un instinct grégaire ou de meute suffisamment fort pour que des hommes puissent un jour dominer et prendre la tête des troupeaux ou des meutes.
Par exemple, il aurait fallu un courage sans limite pour amener un louveteau dans un campement avec l’intention de lui apprendre à tuer et manger de manière sélective et à mériter l’abri en aboyant aux intrus (les loups adultes n’aboient que rarement). Et qui aurait pu faire face à un aurochs massif, impressionnant et agressif tout en visualisant une vache, tranquille et beaucoup plus petite ? Et l’ayant même visualisée, comment espérer y parvenir ? Un veau d’aurochs (ou un louveteau d’ailleurs), élevé et soigné affectueusement par des « parents » humains, n’en aurait pas moins retrouvé ses instincts sauvages en devenant adulte.
Quelle que fut la manière dont cela se fit, ce ne fut pas par hybridation. Il faut modifier des chaînes entières de gènes pour changer les caractéristiques physiques des animaux. (Contrairement à se qui se passe pour les plantes, les animaux domestiques sont généralement plus petits que leurs ancêtres sauvages). Mais avec les animaux, il faut changer quelque chose de plus… quelque chose d’ineffable… pour transformer leur nature sauvage profonde en docilité. C’est un accomplissement qui dépasse nos capacités modernes, alors l’attribuer à des humains du néolithique est une insulte à intelligence.
Tous les exemples de domestication de plantes et d’animaux sont, en soi, incroyables, mais le cas le plus incroyable est celui du guépard.
Il ne fait aucun doute que ce fut un des premiers animaux apprivoisés. Son histoire remonte à l’ancienne Egypte, l’Inde et la Chine. Ainsi que tous les autres exemples, il ne peut avoir été créé que par élevage sélectif par des chasseurs, des glaneurs ou des fermiers néolithiques ; l’un d’entre eux en porte le mérite.
De tous les grands félins, le guépard est le plus apprivoisable. Il n’existe pas de cas connu d’un guépard tuant un homme. Il semble avoir été spécialement conçu pour la vitesse, avec une tête et un corps aérodynamiques. Son squelette est plus léger que celui des autres grands chats ; ses pattes sont longues et fines, comme celles d’un lévrier. Son coeur, ses poumons, ses reins et ses évents nasaux sont larges, permettant à la respiration de passer de 60 par minute, au repos, à 150 lorsqu’il chasse. Sa vitesse de pointe atteint 113 km/h, alors qu’un pur-sang plafonne à environ 60 km/h. Rien sur la savane ne peut le distancer. On peut le vaincre à l’endurance, pas à la vitesse.
Les guépards sont uniques parce qu’ils réunissent les traits physiques de deux familles distinctes d’animaux : les chiens et les chats. Ils appartiennent à la famille des félins, mais ressemblent à des chiens à longues pattes. Ils s’assoient et chassent comme des chiens ; leurs griffes ne sont que partiellement rétractiles, contrairement à celles des chats. Les coussinets de leurs pattes sont épais et durs, comme chez les chiens, mais pour grimper aux arbres, ils utilisent le premier ongle des pattes antérieures, comme le fait un chat. Leur fourrure, dans les zones de ton clair, ressemble à celle d’un chien à poil ras, mais les tâches noires ont curieusement la texture de celle d’un chat. Ils sont exposés à des maladies propres seulement aux chiens, mais peuvent aussi attraper celles des chats.
Il y a quelque chose d’encore plus inexplicable chez les guépards. Des tests génétiques ont été pratiqués et le résultat surprenant fut que les 50 spécimens analysés étaient tous, sans exception, génétiquement identiques ! Cela signifie que la peau ou les organes internes de n’importe lequel des milliers de guépards dans le monde pourraient être greffés sur n’importe quel autre sans, qu’il y ait de rejet. Les seuls autres cas où l’on puisse rencontrer une telle homogénéité physique se trouvent chez des rats et autres animaux de laboratoire ayant subi des modifications génétiques.
Les guépards sont particuliers, évidemment, mais tous les animaux domestiques ont des caractéristiques qui demeurent inexplicables en terme scientifiques rigoureux.
Plutôt que d’accepter l’inconfort d’avoir à faire face à ces énigmes, les scientifiques les ignorent studieusement et, comme pour les mystères des plantes domestiques, s’en débarrassent d’un sommaire revers de main. Concernant les guépards, ils disent qu’il ne peut aucunement s’agir d’une bizarre hybridation génétique entre des chiens et des chats, alors que tout indique que c’est bien le cas. Et pourquoi ? Parce que cela aussi placerait les guépards dans la zone interdite de Vous Savez Qui.
Le problème de l’uniformité génétique des guépards est expliqué par un phénomène connu sous le nom de « effet de goulot de bouteille ». Cela signifie que la population des guépards sauvages – qui devaient être génétiquement diversifiés, comme le suggère leur longue histoire -aurait connu, à une époque relativement récente, un déclin très rapide qui n’aurait laisser en vie quelques couples fertiles. Depuis cette décimation jusqu’à nos jours ils auraient tous partagé le même réservoir génétique.
Malheureusement, on ne connaît aucun cas d’extinction qui aurait touché sélectivement les guépards sans affecter les autres grands félins qui, eux, se sont développés avec une variété génétique normale. Par conséquent, la théorie du « goulot de bouteille » n’est adoptée que comme un évangile scientifique de plus.
Et cela nous conduit finalement à un débat sur les humains, qui sont génétiquement récents ; et, nous aussi, on nous a classés dans un effet de goulot de bouteille similaire à celui qui prétend expliquer les guépards. (A suivre…)
Source : Nexus N°22 – 09.10.2003