LA FIN DE L’ÉSOTÉRISME

Magnétisme, radiesthésie, homéopathie, autosuggestion, transmission sans fil

Une théorie qui a tout compris

par Raymond Abellio

AbellioCe livre d’abord paru en 1972, explique et décrit le « phénomène 2012 » avec quarante ans d’avance ! Georges Soulès (1907-1986), polytechnicien, militant socialiste et marxiste, chargé de mission sous Léon Blum, fait prisonnier en 1940 et relâché en 1941, adhérent au MSR (Mouvement social révolutionnaire) d’Eugène Deloncle, rencontre en 1943 une femme (Jane L.) et un guérisseur auvergnat (Pierre de Combas) qui changeront sa vie.

Initié par Combas à la Bible, à la kabbale et à la Bhagavad-Gita, Soulès abandonne l’action politique et devient Abellio. Le temps d’acquérir et d’intégrer d’autres influences – phénoménologie de Husserl, ontologie de Heidegger et l’oeuvre de René Guénon et Raymond Abellio put commencer à élaborer sa théorie de la connaissance (qu’il appela « la nouvelle Gnose »), devenant le principal, sinon le seul ésotériste occidental de la seconde moitié du XXème siècle.

Poursuivant la démarche d’un Guénon – dont il fit aussi une critique avisée – Abellio vécut et décrivit la manière dont l’individu actuel et l’Occident dans son ensemble allaient opérer le retournement et le saut de conscience au moment où s’achève notre âge de fer (« l’âge noir que nous traversons ne peut être ressenti que comme un âge de séparation de division et d’épreuve ») qui est aussi le moment où s’inaugure un nouveau cycle.Cette thématique, que le New Age s’est appropriée de manière parfois aussi bruyante que superficielle, est traitée ici avec une hauteur, une rigueur et une finesse peu communes. Il y a certes chez Ken Wilber un même élan à concilier tradition et modernité, Orient et Occident, ainsi que la même tendance à souligner le sens et la valeur de la spécificité occidentale – la rationalité (le mental rationnel, l’intellect) – au lieu de la dénigrer et de la rejeter (comme le font tant de newagers). Mais Abellio est autrement profond que Wilber dans sa compréhension du processus initiatique et son appréhension de l’évolution du monde. Il explique « la fin de l’ésotérisme » comme accomplissement de l’ésotérisme – « une recréation vécue au-dedans même de l’être » qui permet d’entrer « dans cet état de fusion avec l’universel » -, ce qui est l’enjeu même de l’échéance cyclique dans laquelle nous sommes (puisqu’« il n’est rien de caché qui ne doive être découvert » ni « rien de secret qui ne doive être connu », dit l’Évangile). « Le problème clé de l’ésotérisme en même temps que sa fin est la transfiguration du monde dans l’homme », « la recréation transfigurante du monde dans l’homme ».

« Alors naît au-delà du Moi banal prétendument distinct et autonome le sentiment puissant de la globalité et de l’unité, qui est participation de ce Moi lui-même à l’interdépendance universelle. »

Et « la participation consciente et permanente à l’interdépendance universelle est l’achèvement en l’homme du mystère de l’incarnation. C’est par cette dernière expérience, qui est initiatique, que l’homme est introduit à un mode entièrement nouveau d’existence. En dehors d’elle, il n’y a pas à strictement parler d’ésotérisme. Et, dans cette expérience, tout ésotérisme en fait s’abolit. »

Source : Nexus n°93 – Juillet/Août 2014

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