LA QUESTION DES RELATIONS HUMAINES

Par C.G. Jung.

La question des relations humaines et des rapports interhumains dans le cadre de notre société est devenue un souci urgent en face de l’atomisation des hommes « massifiés », simplement entassés les uns sur les autres, et dont les interrelations personnelles sont minées par une méfiance généralisée.

Lorsque les fluctuations du droit, l’espionnage policier et la terreur sont à l’œuvre, les hommes sont acculés à l’isolement et à n’être que des parcelles menacées, ce qui cadre avec le but et l’intention de l’état dictatorial, qui repose sur l’amoncellement aussi massif que possible d’unités sociales impuissantes.

En face de ce danger, la société libre a besoin d’un liant de nature affective, comme en sont un, par exemple, la charité ou l’amour du prochain. Mais précisément c’est l’amour du prochain, l’amour de l’être proche, qui subit les plus grands dommages du fait des projections et du manque de compréhension qu’elles entraînent.

C’est pourquoi il est du suprême intérêt de la société libre qu’elle se soucie, grâce à une compréhension profonde de la situation psychologique, de la question des relations humaines. C’est de la relation d’homme à homme que dépend sa cohésion et par conséquent aussi sa force. Là où cesse l’amour, commence la puissance, l’emprise violente et la terreur.

Source : Extrait de « Présent et avenir », Edition Buchet/Chastel, 1988.

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