Par H Lubienska de Lenval.
Trop souvent, on se fait de la liberté une idée fausse, et on inculque celle-ci aux enfants : la liberté serait l’absence de contrainte : une activité déréglée, sans frein et sans but.
Pour des enfants cloués sur des bancs, obligés de subir passivement un flot de paroles, liberté signifie le droit de courir en criant. Idée toute négative, réaction violente contre une atteinte chronique à la liberté. Car la liberté essentielle, indispensable à l’homme, est celle de bouger, d’agir et de penser à son rythme individuel. La discipline n’est pas opposée à la liberté, elle en est solidaire.
C’est dans la mesure où il est discipliné que l’homme est libre. Considérez le danseur, comme il bondit dans l’espace ; le pianiste, comme ses doigts courent sur le clavier ; le nageur, comme il défie les profondeurs de la mer. Pour devenir libre, l’homme doit se discipliner. Mon âme est toujours entre mes mains, disait le Psalmiste.
En langage pédagogique, nous traduisons : mon activité est toujours dirigée par ma volonté consciente. Respecter la liberté de l’enfant, c’est l’aider à se discipliner ; c’est se faire l’allié de son énergie centripète contre ses énergies centrifuges ; c’est le guider vers l’accomplissement de sa destinée d’homme conscient et responsable.
Source : Extrait de L’ÉDUCATION DE L’HOMME Edition – S.P.E.S (Paris)