par Jan Van Rijkenborgh
L’égoïsme est l’impulsion originelle de la nature de l’être humain à des degrés divers. La société mondialisée est l’expression de l’égoïsme des masses, puisqu’elle n’est orientée que par des désirs de possession matérielle et une phobie sécuritaire extrême. Exposé d’une tare fondamentale, à l’origine de la folie moderne de l’unité mondiale artificielle et toutes ses dérives totalitaires.
La forme la plus forte et la plus cristallisée de l’égoïsme est celle de l’homme égocentrique endurci, qui ne considère, du berceau à la tombe, que son moi et son propre intérêt ; donc n’ayant aucun attachement sentimental ni familial, de quelque nature que ce soit, comme de l’affection pour sa mère ou une bonne entente avec son conjoint ou un enfant. Cette forme d’égoïsme excluant tout le relègue à l’état sous-animal, car dans le règne animal on observe qu’un lien, quoique passager, unit mère et enfants, et que des animaux peuvent même se sacrifier pour protéger la vie de leurs petits.
C’est pourquoi, à notre époque, nous ne connaissons cette forme d’égoïsme que dans une expression psychique dégénérative, c’est-à-dire chez ceux qui, psychiquement perturbés, sacrifient tout à leur cupidité et à leur luxure sous-animales. Notez que cette forme d’égoïsme grandit très vite à notre époque dans tous les pays et chez tous les peuples. Cela démontre que l’humanité s’abaisse rapidement au-dessous du niveau qualifié d’humain, ce qui nous avertit clairement d’une fin prochaine.
L’ÉGOÏSME ÉRIGÉ EN CULTURE
Une forme plus haute d’égoïsme est celle qui, tout en plaçant le moi au centre, inclut aussi la famille. Dans ce groupe, les liens du sang parlent plus ou moins fort, quoique de façon passagère. Il faut comprendre ce phénomène, car il est évident que la sollicitude et le dévouement pour la famille SONT une forme de réalisation et de renforcement personnels., donc une expansion du moi. C’est un égoïsme où s’expriment toutes les vertus hautement prisées de la paternité et de la maternité.
« le développement de l’égoïsme s’accompagne d’un développement moral stimulé par la religion et l’humanitarisme, protégé par la loi. »
Cet égoïsme a été soumis à diverses sortes de cultures ; de nombreuses lois le règlent et le soutiennent. Que ce soit une forme d’égoïsme évidente, les efforts et les réjouissances, les compliments et l’orgueil qui accompagnent la réussite des membres de la famille le démontrent, même si parfois le succès met en œuvre une morale douteuse.
L’égoïsme est encore plus évident quand deux familles visent le même but et ont les mêmes convoitises. Quand bien même la vie et la solidarité familiales ainsi que le niveau culturel seraient « élevés », une lutte terrible se déclare alors, une lutte ayant la même base et la même force astrale que les féroces combats de l’homme préhistorique. Les formes peuvent en être différentes, le fond et le résultat sont toujours les mêmes : guerre et défaite.
Ensuite l’égoïsme s’étend encore et devient l’égoïsme de groupe, celui d’un peuple, puis d’une race. Les développements et conséquences n’en sont que trop bien connus. Quand quelqu’un est atteint de la psychose de l’égoïsme de groupe ou d’un peuple, cela n’exclut nullement les autres formes définies plus haut, au contraire, elles peuvent en être fortifiées car l’intérêt de l’individu est facilement entravé par celui du groupe. La force de l’égoïsme individuel connaît alors une tension beaucoup plus forte. Et les conséquences sont évidentes : la lutte fait rage.
L’ÉGOÏSME DE MASSE
Le développement de l’égoïsme sur la courbe ascendante s’accompagne toujours d’un développement moral. Nombreux sont les exemples d’hommes ayant sacrifié leurs propres intérêts à ceux de la famille, à ceux du groupe, à ceux du pays, du peuple, de la nation et, dans une mesure moindre, à ceux de leur race. La littérature nous en donne, aujourd’hui comme hier, des exemples illustres. Il faut sans doute les considérer avec la plus grande réserve parce que la disposition et l’empressement à se sacrifier sont toujours mêlés d’une forme d’égoïsme. Mais il est certain qufi le développement de l’égoïsme s’accompagne d’un développement moral stimulé par la religion et l’humanitarisme, protégé par la loi.
Aujourd’hui, en ce qui concerne la culture de l’égoïsme, l’humanité s’apprête à gravir le dernier échelon, sous divers prétextes moraux, naturellement. Une fois ce dernier échelon gravi, tous les échelons inférieurs étant conservés – ce qui est le propre de l’échelle – il n’y en a^pas de plus haut. Ce sera alors la fin d’une ère. À ce dernier échelon, on verra la confluence, le rassemblement, l’unification de toute l’humanité. D’abord, l’individu, puis la famille, la lignée, le peuple, la race, enfin l’humanité entière. À chaque période, à chaque ère, les hommes parcourent cette voie jusqu’à la fin.
La disparition totale des oppositions existant actuellement entre les peuples, les nations et les races marquera la fin. Les signes avant-coureurs de cette prochaine grande révolution mondiale sont déjà perceptibles. On entend sans cesse prêcher l’intégration totale. On travaille partout à faire cesser les oppositions entre les religions. Des blocs politiques se forment déjà; et se dessinent clairement deux grands groupes entre lesquels se partage l’humanité : l’Est et l’Ouest. Tous deux savent que, s’ils conservent leur point de vue sur leur propre culture de l’égoïsme, l’anéantissement total de l’humanité devient effectif.
UNE UNITÉ MONDIALE FORCÉE
En même temps, beaucoup voient nettement que l’époque est finie où les combattants formaient un front sur la ligne duquel tombaient les morts et les blessés, alors qu’à l’arrière, en sûreté, l’état-major orchestrait la guerre et que plus en arrière encore, et plus en sûreté, les divers groupes économiques dirigeaient tout de leur repaire. Comme le principe fondamental de l’égoïsme est l’auto-protection, que la possibilité d’attaquer et d’anéantir par ruse n’existe plus et que les armes techniques interdisent absolument de s’exterminer à l’improviste, on est bien obligé de s’unir. Peut-être est-il possible et même très vraisemblable qu’il faille encore mener bien des combats avant que tout le monde sente ce que cette obligation a d’inéluctable ; mais on ne peut plus arrêter l’évolution de cette dernière phase.
Un très grand groupe d’autorités est profondément pénétré de la nécessité de mettre sur pied une nouvelle organisation mondiale. On parle d’un contact journalier incessant entre les groupes au sommet des deux camps, tant sur le plan politique que religieux, quoique la presse mondiale n’en fasse état que très partiellement. Et la question n’est pas : Allons-nous la faire ? mais : Comment la faire ? Comment faire pour que le peuple, la masse l’accepte, et justifier cette grande révolution de toutes les valeurs considérées auparavant comme inviolables ?
Mais vous le comprenez, 1’humanité y est bien obligée, elle a le dos au mur ! On pensait pouvoir limiter aux autres les effets de l’explosion de la bombe atomique, mais les risques sont devenus trop grands et c’est pourquoi on chantera bientôt en chœur : Tous les hommes sont frères ! Beaucoup d’églises et de mouvements religieux cherchent également l’unité forcée. Pourquoi ? Eh bien, la culture de l’égoïsme, la lutte pour l’existence, la peur de la mort et de l’anéantissement poussent l’humanité à ce dernier pas. L’unité forcée ou l’anéantissement réciproque : entre ces deux extrêmes, l’humanité doit choisir ! À force de misères et de morts, l’humanité a choisi la première, ou est en train de le faire. Ainsi la culture de l’égoïsme humain atteindra sa limite… et ˗attention˗ en conservant tous les autres aspects, qui sont indéracinables.
« Bientôt la grande unité des peuples sera assurée uniquement par la force et la contrainte sous la direction de toutes les autorités.»
Alors, bientôt, la grande unité des peuples sera assurée uniquement par la force et la contrainte, avec la collaboration et sous la direction de toutes les autorités. A la fin, le monde entier se verra donc sous un régime fasciste et corporatif. Tous les hommes seront forcés d’être mutuellement « frères » : dernier article de la loi de l’auto-conservation. Entre-temps, tous s’étirent tant qu’ils peuvent sur la pointe des pieds pour attraper le plus de proies et de butins possibles. Ils allongent le pas pour atteindre leur but au plus vite. Les malheureux fidèles des religions naturelles ne vont plus parler que de la lumière qui se concrétise maintenant pour rayonner sur l’humanité entière.
Mais la grande lutte continue: c’est à qui sera ou paraîtra le plus grand et le plus important. L’industrie profitera de l’égoïsme pour exploiter l’humanité dans des proportions monstrueuses. Ceux qui, en observateurs plus ou moins objectifs et dotés quelques qualités d’âme, observeront ces agissements et l’accélération prochaine de la course à l’abîme auront grandement mal au cœur de cette immense imposture.
Allez-vous vous associer à une telle tromperie ? Ou choisirez-vous un autre chemin ?
Source : V.I.T.R.I.O.L. N°1 – Société Ecosophique, Elfica-Ferrière, 61380 St Martin des Pézérits