L’ENFANT DOIT ALLER PLUS LOIN QUE NOUS

Par Maria Montessori.

On peut dire que les enfants représentent des personnalités indépendantes qui s’incarnent, non seulement dans le corps physique, mais dans l’esprit de la civilisation pour la pousser en avant, vers la destinée mystique et inconnue de l’humanité.

Nous ne pouvons pas nous poser en modèles vis-à-vis de l’enfant, puisqu’il devra nous être supérieur. Nous ne pouvons pas davantage disposer de lui pour l’adapter parfaitement à nos conditions sociales ; nous ne pouvons pas le modeler pour faire de lui une copie de ce que nous avons été, car il est fort possible qu’il soit lui-même le constructeur d’une nouvelle forme de société. Si les enfants devaient reproduire exactement la forme sociale qui nous semble aujourd’hui la meilleure, cette forme resterait stationnaire. Si nous l’obligions à s’incorporer dans des formes sociales qui contiennent des erreurs ou des dangers passagers, nous travaillerions à perpétuer ces erreurs et ces dangers.

L’enfant doit aller plus loin que nous. Il résoudra nos problèmes au moyen de connaissances neuves, inconnues pour nous aujourd’hui, et au moyen de sentiments et d’attitudes morales que nous ne réalisons pas encore. L’humanité, dans sa marche ascensionnelle, accomplit, à travers les millénaires, une œuvre constante. Et les enfants représentent les forces qui se renouvellent au long de ce travail immortel.

Source : Extrait de « L’enfant père de l’homme » – Première des trois conférences de Maria Montessori, 27 novembre 1936.

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